Hiérarchiser et classer les substances présentes
Aujourd’hui, le recours aux méthodes de
hiérarchisation est de plus en plus fréquent pour classer les substances
présentes dans l’environnement selon le risque encouru, qu’il soit environnemental
ou sanitaire. Les polluants de l’air intérieur sont nombreux et ne présentent
pas tous un intérêt équivalent en termes de santé publique
Un classement des polluants de l'air intérieur a été effectué sur la base de
critères de toxicité à court et long terme, des niveaux d'exposition observés,
de la traçabilité de certaines sources ainsi que sur la fréquence d'apparition
des polluants dans les bâtiments. Une telle classification permet de disposer
d'une vision prospective des enjeux sanitaires liés à la présence potentielle
de ces substances dans l'air et aux poussières.
Parmi les premières de son genre en 2002, cette hiérarchisation sanitaire a été
réalisée par l’équipe de Vincent Nedellec Consultant (VNC) au sein d’un groupe
de travail de l’Observatoire dédié réunissant des spécialistes en métrologie,
en épidémiologie et en chimie, selon une démarche d'évaluation quantitative des
risques sanitaires.
Un indice de hiérarchisation (IH) est calculé selon trois sous-indices :
•indice de potentiel de risque aigu (noté sur 5),
• indice de potentiel de risque chronique (noté sur 10),
• indice de fréquence de détection à l’intérieur des logements (note sur
5).
Une première hiérarchisation des substances présentes
dans les logements a été élaborée en 2002. Elle a permis de sélectionner les
polluants ou familles de polluants à mesurer lors de la campagne nationale dans
les logements.
Ce classement de plus de 70 substances présentes dans les logements a été
complété, en 2005, par l’ajout de 29 substances de la famille des composés
organiques semi-volatils (phtalates, retardateurs de flamme bromés, pesticides,
etc.).
En 2010, une seconde mise à jour a été réalisée (Alméras, 2010). Elle a permis
de prendre en compte les connaissances les plus récentes sur les polluants de
l’air intérieur.
Au préalable, un inventaire bibliographique des hiérarchisations conduites dans
les autres pays pour les polluants de l’air intérieur a été réalisé afin de
conforter la démarche ou au besoin de faire évoluer. La méthode initiale de
hiérarchisation établie en 2002 par l’OQAI. Il en ressort que les méthodes
proposées et retenues dans le domaine de la qualité de l’air intérieur depuis
2002 sont relativement similaires (Azuma et al, 2007 ; RIVM, 2007 ; Bonvallot
et al, 2010 ; Logue et al, 2010) et assez proches de l’approche initiale de
l’OQAI. Ainsi, la méthode développée par l’OQAI par Mosqueron et al. (2002,
2004) a été reproduite pour la mise à jour de la hiérarchisation en 2010. Les
évolutions suivantes ont cependant été proposées :
• La hiérarchisation a été restreinte aux polluants chimiques. En
effet, la méthode nécessitant l’utilisation de VTR, non disponibles à ce jour
pour les biocontaminants et la majorité des agents physiques, ces derniers ne
peuvent in fine être classés. La hiérarchisation de ces polluants de l’air
intérieur nécessiterait une réflexion spécifique afin de prendre en compte les
connaissances sanitaires disponibles et les sources et facteurs influençant
l’exposition à ces polluants pour identifier les priorités d’actions.
• La liste des substances chimiques susceptibles d’être présentes dans
l’environnement intérieur (air et poussières) a été complétée. Une revue de
la littérature portant sur les substances mesurées dans les environnements
intérieurs (France et autres pays) a permis d’enrichir cette liste. En outre,
les données relatives aux émissions des matériaux et produits de construction
et de décoration et aux produits de consommation ont été examinées pour
inventorier les substances chimiques susceptibles d’être présentes dans l’air
et/ou les poussières car émises dans l’environnement intérieur (mêmes si elles
n’ont pas nécessairement fait l’objet de mesures in situ ensuite). Les
publications scientifiques dans le domaine, ainsi que, par exemple, les données
françaises produites à la suite de la mise en place du protocole Anses de
caractérisation des émissions de COV par les matériaux (ANSES, 2009), les
données de la base PANDORE ou encore celles de l’Agence de
l’environnement du Danemark , ont été recensées.
• Afin de « maximiser » le nombre de substances chimiques pouvant être
hiérarchisées, les données de toxicité compilées ont été élargies aux
VTR construites par l’ Anses (cancérogènes et reprotoxiques), aux valeurs
toxicologiques construites dans le cadre d’autres hiérarchisations des
polluants de l’environnement intérieur (Azuma et al, 2007 ; Bonvallot et al,
2010 ; après vérification que seuls des critères sanitaires ont été pris en
compte dans l’élaboration), à des indices toxicologiques construits à partir
des VLEP. Malgré les limites associées, ceci permet l’intégration du plus grand
nombre possible de substances à la hiérarchisation. Les indicateurs de qualité
associés (voir ci-dessous) permettent en tout état de cause d’identifier les
substances pour lesquelles ces indices toxicologiques sont utilisés. Enfin, sur
le volet des effets sur la santé, la classification européenne CMR a été prise
en compte en plus de celles du CIRC et de l’US-EPA, pour la détermination de
l’indice de cancérogénicité.
• Les données de concentration ont été élargies aux écoles et aux
bureaux, environnements pour lesquels une hiérarchisation spécifique a été
réalisée.
• Afin d’estimer la qualité des données recensées et utilisées dans
l’exercice de hiérarchisation, des indicateurs de qualité ont été créés. Ils
permettent de repérer facilement si la classification finale est fondée sur des
données d’exposition françaises ou d’autres pays, sur des VTR ou bien des
indices toxicologiques, ou encore si aucune donnée n’est disponible pour la
substance.
Les différentes hypothèses de travail ont été testées par des analyses de
sensibilité.
In fine, 1 026 substances ou mélanges de substances potentiellement
présents dans l’environnement intérieur ont été retenus pour la hiérarchisation.
Cette liste a servi de point de départ pour chacune des hiérarchisations
(logements, écoles et bureaux).
Pour en savoir plus
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Hiérarchisation sanitaire des paramètres d'intérêt
pour l'OQAI : application aux composés organiques semi-volatils (2005)
29 substances supplémentaires ont été intégrées à la
grille de classement établie en novembre 2004. Ces substances appartiennent
aux cinq groupes chimiques suivants : les phtalates, les alkyl phénols et
leurs dérivés, les retardateurs de flammes bromés, les composés organoétains
et les paraffines à chaîne courte. Après un bref rappel de la stratégie de
hiérarchisation mise en œuvre, une présentation des niveaux d’exposition dans
l’air intérieur et des valeurs toxicologiques de référence, les résultats
concernant ces 29 composés sont exposés et intégrés à la grille de classement
initialement établie pour plus de 70 substances.
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Hiérarchisation sanitaire des paramètres mesurés
dans les bâtiments (2002)
Plus de 70 substances ont fait l’objet de cette
première hiérarchisation sanitaire. Basée sur une démarche d’Evaluation
Quantitative des Risques Sanitaires approuvée par le Conseil Scientifique de
l’OQAI, cette classification prend en compte divers facteurs : toxicité aigue
et chronique, fréquence d’apparition dans les environnements intérieurs,
niveaux d’exposition,etc… Cette classification des substances néfastes pour
la santé permet de disposer d’une vision prospective des enjeux sanitaires
liés à la présence potentielle de ces substances dans l’air et les poussières
des bâtiments.
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